Comment les plateformes en ligne transforment la vitesse et la portée de l’information mondiale

En mars 2021, un porte-conteneurs de 400 mètres, l’Ever Given, se retrouve coincé en travers du canal de Suez. La première image (le navire échoué, photographié par un plaisancier) circule sur Twitter quelques heures après l’incident. Les mèmes suivent, par milliers, tandis que beaucoup de rédacteurs dorment encore… L’analyse économique viendra plus tard : environ 10 milliards de dollars de marchandises seraient bloquées chaque jour. C’est une séquence à l’image du nouvel ordre mondial en termes d’information. Le témoin lambda peut désormais précéder l’agence de presse.

Du journal de 20 heures au fil d’actualité permanent

Dans cet ordre mondial 2.0, le changement le plus visible concerne le rythme. Avant internet, l’information suivait un cycle finalement assez prévisible : le quotidien du matin, le journal télévisé du soir, l’hebdomadaire pour prendre du recul. Entre l’événement et sa diffusion, des heures s’écoulaient, parfois des jours. Ce délai permettait aux rédactions de trier, vérifier, hiérarchiser. Parfois enjoliver…ou édulcorer.

Aujourd’hui, le flux est continu. Un smartphone connecté suffit pour publier une image, un témoignage, une vidéo. Le témoin d’un incendie ou d’une manifestation peut diffuser ce qu’il voit avant l’arrivée des journalistes. C’est le “village global” au sens où l’entendait le théoricien des médias Marshall McLuhan en 1967, pour décrire cette abolition des distances par les médias électroniques.

Une intuition précoce (formulée avant internet !), mais qui décrit parfaitement ce que nous vivons. McLuhan ne portait pas de jugement de valeur : il constatait tout simplement une mutation, sans la qualifier de progrès ni de régression. Précision importante : les médias traditionnels et spécialisés n’ont pas disparu pour autant. Plus ils sont spécialisés, plus ils restent souvent la source primaire que les réseaux sociaux relaient et commentent.

C’est le cas par exemple dans le secteur des jeux d’argent, où l’expertise d’un média indépendant est clé. Pour rappel, ces jeux sont proposés par les opérateurs de casinos en ligne sur des plateformes web et mobile. On y joue à la roulette, au blackjack, aux machines à sous, au poker et ses variantes, etc.

Avant de rejoindre tel ou tel opérateur, les néophytes ont tendance à consulter les comparatifs et dossiers thématiques : quel est le casino crédité des meilleurs retours ? lequel est le meilleur casino retrait 24h, c’est-à-dire celui qui est connu pour être le plus réactif dans le versement des gains aux joueurs ? Les avis de la presse spécialisée sont ensuite largement débattus sur les forums, sur Reddit ou Facebook.

Quelles sont les plateformes où circule la nouvelle information aujourd’hui ?

Toutes les plateformes ne jouent pas le même rôle. Quatre d’entre elles se distinguent par leur place dans la circulation de l’actualité.

X (anciennement Twitter) reste la plateforme du temps réel

C’est là que les événements “éclatent” : un tremblement de terre, une démission politique, un attentat. Les témoins publient avant les agences, les journalistes y guettent les premières alertes. Le format court (280 caractères maximum) favorise la diffusion rapide, parfois au détriment de la nuance.

X est aussi devenu un outil de travail pour les rédactions elles-mêmes. Beaucoup de journalistes y partagent leurs articles, y interpellent des sources, y suivent les réactions à chaud. En clair, la plateforme fonctionne comme une sorte de fil AFP participatif et ouvert à tous.

Telegram a pris une place inattendue ces dernières années

À l’origine simple messagerie chiffrée, l’application est devenue un média à part entière dans certains contextes. Pendant le conflit en Ukraine, les chaînes Telegram ont diffusé des images du front en temps réel, la plupart du temps bien avant les envoyés spéciaux.

En Iran ou en Biélorussie, l’application a aussi permis de contourner la censure d’État. Telegram prospère là où la parole est contrôlée. Son chiffrement et son fonctionnement par “chaînes” (des fils de diffusion auxquels on s’abonne) en font un outil prisé des dissidents, mais aussi des propagandistes. Terrain des conflits modernes, le meilleur y côtoie le pire.

TikTok touche un public qui ne lit plus la presse traditionnelle

Le format (des vidéos de quelques secondes à quelques minutes) impose une narration différente. Des créateurs y vulgarisent l’actualité, décryptent un conflit géopolitique ou expliquent une réforme en trois minutes. Certains médias traditionnels (Le Monde, Brut, France Info) y ont ouvert des comptes pour toucher les moins de 25 ans.

Le risque est celui de la simplification excessive, et un algorithme qui privilégie ce qui capte l’attention, pas ce qui informe. Le potentiel reste entier, celui d’une porte d’entrée vers l’actualité pour des millions de jeunes qui n’auraient pas ouvert un journal.

YouTube joue un rôle différent : celui du format long

Là où X et TikTok excellent dans l’immédiateté, YouTube permet l’approfondissement. On y trouve des enquêtes documentaires, des interviews fleuve, des analyses de fond. Des chaînes indépendantes (comme Thinkerview en France) y proposent des entretiens de plusieurs heures avec des experts, économistes, géopoliticiens.

Les grandes rédactions y diffusent leurs reportages en replay. YouTube fonctionne comme une archive vivante et un complément des formats traditionnels, pour ceux qui veulent aller plus loin que le titre et le résumé.

Pourquoi certaines informations deviennent-elles « virales » ?

Le terme “viral” décrit une information qui se propage de proche en proche, par le partage, jusqu’à toucher des millions de personnes en quelques heures. Mais qu’est-ce qui déclenche cette propagation ?

Le biologiste Richard Dawkins avait posé les bases de cette réflexion dans les années 80, bien avant internet là encore. Dans The Selfish Gene, il forge le concept de “mème”, une unité culturelle (idée, image, mélodie) qui se transmet d’esprit en esprit par imitation, à la manière d’un gène.

Dawkins observait que certaines idées se propagent mieux que d’autres, non pas parce qu’elles sont vraies ou utiles, mais parce qu’elles possèdent des caractéristiques qui favorisent leur transmission : la simplicité, la charge émotionnelle, la capacité à marquer les esprits. Vous aurez reconnu tous les ingrédients d’un buzz au temps de X/Twitter !

Les plateformes numériques ont en effet industrialisé ce mécanisme décit par Dawkins. Plus un contenu est partagé, plus il est visible, plus il est partagé… C’est l’effet boule de neige.

Mais dans la pratique, ce qui devient viral n’est pas forcément ce qui est important ou vrai. C’est ce qui provoque une émotion : l’indignation, l’attendrissement, le rire, la stupéfaction. L’image de l’Ever Given a fait le tour du monde non pas à cause de ses implications économiques, mais parce qu’elle était absurde et drôle. Un navire gigantesque bloqué de travers, et un petit bulldozer dérisoire tentant de le dégager.

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