Certains jeux sont très populaires en Corée du Sud, mais ont de la peine à trouver leur place sur le marché européen. D’autres encore sont un véritable phénomène en Amérique latine, mais sont presque inconnus en Asie. Cette différence dans l’appréciation s’explique en partie par des différences culturelles, économiques et même environnementales.
Valeurs culturelles intégrées dans la conception de jeux
La culture influence grandement le type de jeu que les peuples choisissent. La domination de la Corée du Sud dans le jeu vidéo compétitif et l’e-sport n’est pas fortuite. L’importance accordée à l’excellence, à la compétition et à la réussite collective dans la société coréenne correspond parfaitement aux exigences de jeux comme StarCraft et League of Legends.
Les cybercafés sont devenus des lieux de rencontre où le jeu compétitif est synonyme de développement de la communauté. Ailleurs, on préfère les jeux qui reposent sur le hasard. C’est notamment le cas en Europe de l’Ouest et en Amérique latine. Les casinos en ligne y sont très populaires, avec des millions de comptes actifs et des milliers de jeux variés. D’ailleurs, le préféré des français selon Esportsinsider offre au moins 5 000 jeux dont du poker, du blackjack, des roulettes et bien sûr, les machines à sous à jackpot.
Les joueurs japonais ont toujours privilégié des scénarios complexes, des combats stratégiques et des personnages bien développés. Ce n’est pas une surprise si des jeux tels que Final Fantasy, Dragon Quest et Persona y sont très populaires. Ces préférences reflètent une appréciation culturelle plus large pour la narration, le souci du détail et le raffinement esthétique.
La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a tendance à s’intéresser à des jeux basés sur des valeurs culturelles et religieuses. Ici, les joueurs évitent les titres aux contenus moraux douteux. La domination des jeux mobiles est également une réalité dans cette partie du monde où s’acheter une console ou un PC de jeu est un exploit.
Comment l’économie peut expliquer les préférences de jeu
Les conditions économiques déterminent non seulement si les gens peuvent se permettre de jouer aux jeux vidéo, mais aussi comment ils y jouent. Sur les marchés d’Asie du Sud-Est comme les Philippines, l’Indonésie et le Vietnam, le jeu mobile a explosé précisément parce que les smartphones et les technologies mobiles en général y ont explosé. En gros, ce sont les appareils que les joueurs de ces régions peuvent se permettre, puisqu’un PC de jeu ou une console haut de gamme peut coûter des mois de salaire.
La Chine offre un cas d’étude exemplaire sur l’interaction entre la politique économique et les préférences en matière de jeux vidéo. L’interdiction des consoles, qui a duré des décennies et n’a été levée qu’en 2014, a poussé des générations de joueurs chinois à apprendre dans des cafés PC plutôt que dans leur salon. Cette restriction économique historique a donné naissance à une culture du jeu vidéo florissante qui perdure aujourd’hui. League of Legends et Valorant sont les préférés non pas par hasard, mais parce que l’infrastructure et les habitudes culturelles ont favorisé l’adoption de ce type de jeu.
À l’inverse, l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest, avec des revenus plus élevés et une infrastructure de jeu bien établie, ont des marchés de consoles matures. Le succès de PlayStation et de Xbox sur ces territoires reflète des décennies de stabilité économique qui ont permis aux familles d’investir dans du matériel de jeu. Des jeux comme Call of Duty et FIFA sortent chaque année avec des ventes massives, car le contexte économique permet des prix élevés et des cycles courts de renouvellement du matériel.
Réalités environnementales et infrastructurelles
L’environnement physique et les infrastructures technologiques créent des contraintes et des opportunités surprenantes. Dans les régions où l’électricité ou la connexion internet sont instables, les joueurs affichent une forte préférence pour les jeux mobiles hors ligne.
Les pays nordiques, dotés d’infrastructures internet de qualité, d’une forte pénétration des smartphones et de longs hivers qui obligent les gens à rester chez eux, préfèrent les jeux multijoueurs en ligne. Le succès de jeux comme Battlefield du suédois DICE est très apprécié dans cette partie du monde.
Au Brésil, malgré les difficultés économiques, les joueurs peuvent se permettre des jeux comme Counter-Strike. Ceci est notamment possible grâce à la culture des LAN House qui a rendu le jeu multijoueur sur PC possible. Le caractère social et communautaire des LAN Houses s’inscrit également dans les valeurs culturelles brésiliennes axées sur le lien social et le partage d’expériences.
Conclusion
Comprendre les nuances entre les différentes régions du monde n’est pas une mince affaire. Pourtant, les entreprises du secteur doivent s’y intéresser. Lorsqu’elles prennent tous ces facteurs en compte, le résultat est toujours impressionnant. On l’a vu avec le succès mondial de Genshin Impact, un jeu qui tient compte des préférences économiques, environnementales et culturelles. Il offre une esthétique inspirée des animes pour les marchés asiatiques, des versions PC et consoles pour le public occidental, et une accessibilité mobile pour les économies en développement.
